Le de Havilland Mosquito (ou « moustique », en rappel de la fonction de harcèlement initialement prévue pour cet appareil) est un avion multirôle britannique qui s'est distingué en tant que chasseur-bombardier. Il a servi au sein de la Royal Air Force et de nombreuses forces aériennes durant la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre. Sa construction en bois lui confère une très faible signature radar qui en fait le tout premier avion furtifde l'histoire. Surnommé « Mossie » par ses équipages, il est également connu comme « the wooden wonder » (« La merveille en bois ») ou « the timber terror » (« La terreur de bois ») en raison de ses performances remarquables.
Le bimoteur Mosquito est équipé de moteurs Rolls-Royce Merlin. Une de ses particularités est que le pilote et le navigateur sont assis côte à côte. Résolument peu orthodoxe dans sa conception, il utilise une structure en contreplaqué lamellé de balsa et de bouleau, à une époque de la guerre où le bois est déjà considéré comme obsolète. Ceci présentait néanmoins l'intérêt non négligeable de n'utiliser que peu de matériaux dits « stratégiques ». Lors de sa conception, le bureau d’études de Havilland constate que l’ajout d’armement défensif réduit de façon significative sa vitesse maximale. Conçu initialement pour servir de bombardier de jour rapide comptant sur sa vitesse pour survivre, il est donc redessiné pour lui retirer son armement défensif.
Les performances étonnantes de ce bombardier léger en situation de combat réel conduisent rapidement à une réorientation de ses rôles, et le Mosquito est décliné en plusieurs versions : bombardier de jour rapide,chasseur-bombardier, bombardier tactique, chasseur nocturne ou diurne, avion d’intrusion, avion de reconnaissance et chasseur embarqué.
La réussite des missions dévolues au Mosquito suscite rapidement l’intérêt des responsables militaires, notamment celle du commandant en chef de la Luftwaffe, Hermann Göring. En réponse, les Allemands s'inspirent librement du design du Mosquito pour créer le Focke-Wulf Ta 154 Moskito, construit également en bois. Côté allié, les plans du Mosquito servent également comme base de départ à la conception d’un chasseur lourd monoplace, le de Havilland Hornet.
Conception et développement[modifier | modifier le code]
Tout au long des années 1930, le constructeur de Havilland se taille une solide réputation dans la conception d’avions civils à grande vitesse, notamment grâce à l'avion postalDH.88 Comet (en), et l'avion de ligne DH.91 Albatross (en) qui utilisent avec succès une structure de bois.
L'élaboration du Mosquito débute avant-guerre, et les ingénieurs de de Havilland envisagent d'abord une adaptation de l'Albatross, armé de trois tourelles et motorisé par deux moteurs Rolls-Royce Merlin, capable de transporter un équipage de six membres1. Le design qui en résulte s'avère néanmoins médiocre, et d'autres pistes sont explorées, comme l'adjonction d'une paire de moteurs supplémentaires. Les plans sont ensuite remaniés dans l'objectif d'alléger l'appareil. À chaque tourelle retirée, les designers de chez de Havilland observent une nette amélioration des performances de leur projet. Ils décident alors d'aller jusqu'au bout du concept, et débouchent sur un appareil très original : un petit bombardier en bois désarmé, bi-place et bi-moteur, très léger et si rapide qu'aucun chasseur n'aurait ni le temps ni la vitesse requise pour l'intercepter. Il est prévu pour être capable d'emporter 1 000 lb (454 kg) de bombes sur une distance de 1 500 miles (2 500 km), à la vitesse de 400 mph (650 km/h), soit pratiquement le double de la vitesse des bombardiers alors en exercice, et supérieure à celle des chasseurs allemands : en 1936, le prototype de démonstration du Messerschmitt Bf 109 A remporte le contrat de l'armée allemande en atteignant les 470 km/h de vitesse maximale, et le Bf 109V13, qui bat le record du monde de vitesse avec 610,5 km/h, en novembre 1937, est un prototype désarmé spécialement conçu pour battre des records, sans aucun rapport avec les versions de série.
Le Mosquito est développé à partir d'une structure en bois faite de balsa et de bouleau, à l'aide d'une technique très avancée pour l'époque. Cette particularité lui permet de disposer d'un poids plus faible qu'une structure métallique, pour assurer des missions de reconnaissance et de bombardement léger. Sa conception en bois permet également de minimiser le recours à des matériaux stratégiques tels que l'aluminium et l'acier, précieux en temps de guerre, et se révèle un atout lors de l'apparition des premiers radars allemands, sa structure en bois le rendant difficilement détectable, contrairement aux structures métalliques.
L’Air Ministry se révèle néanmoins peu intéressé par les concepts développés autour de ce bombardier en bois désarmé2, et le projet est refusé en octobre 1938. L'Air Ministry informe de Havilland que leur firme serait plus utile à l'effort de guerre en produisant des ailes pour des bombardiers déjà en production. Les ingénieurs de la firme sont néanmoins persuadés d'avoir dessiné un bon appareil et poursuivent son développement. L'appareil parvient à susciter l'intérêt de Wilfrid Freeman (en), chargé du réarmement de la Royal Air Force, et qui s'est déjà distingué par ses choix judicieux et peu orthodoxes en soutenant les projets qui donnèrent naissance au Supermarine Spitfire et au Hawker Hurricane. Le1er mars 1940, de Havilland parvient ainsi à obtenir un contrat pour cinquante appareils, dont un prototype. Mais la construction du prototype et la poursuite du développement du projet est brutalement interrompue par la défaite de Dunkerque, tous les efforts se portant sur la production des appareils existants. Le besoin en chasseurs devient ensuite essentiel pour l'Angleterre, et un nouveau contrat est passé en juillet, portant sur 20 bombardiers et 30 chasseurs lourds. Ce contrat est encore modifié un peu plus tard, avec l'adjonction d'un prototype destiné à la reconnaissance.
La bataille d'Angleterre fait rage lorsque les prototypes sont construits, et 25 % du temps, l'usine est arrêtée par les alertes anti-aériennes3. Le prototype de bombardier de jour, baptisé W4050, est terminé le 19 novembre 1940, et réalise son premier vol le 25 novembre. Les estimations théoriques calculaient qu'avec une surface portante, un poids et une motorisation double de ceux du chasseur Spitfire Mk II, il devait être capable d'être plus rapide d'au moins 20 mph (32 km/h). Les essais en vol du prototype W4050 dépassent largement ces estimations initiales, et en février 1941, il surpasse un Spitfire Mk II avec une vitesse maximale de 392 mph (650 km/h) à une altitude de 22 000 pieds (6 700 m), alors que le Spitfire atteint lors de ces essais une vitesse de 360 mph (600 km/h) à 19 500 pieds (6 000 m). Contrairement à la capacité d'emport de 1 000 livres espérée, l'appareil se révèle capable d'emporter de façon effective le quadruple de ce poids en bombes. En conséquence, l'envergure des ailes est augmentée de 52 pieds 6 pouces (16,0 m) à 54 pieds 2 pouces (16,5 m). La largeur des ailes de queue est également augmentée, et l'appareil est doté d'un système d'échappement amélioré, et d'une cellule agrandie. Ces modifications sont intégrées aux versions de productions.
Ce premier prototype est suivi par celui de la version chasseur, W4052, terminé le 15 mai 1941, puis la version de reconnaissance, W4051, le 10 juin 1941.
Conception[modifier | modifier le code]
La conception du Mosquito se distingue par une utilisation novatrice et peu orthodoxe de matériaux et techniques ordinaires. La cellule est constituée de contreplaqué spécial, plus résistant et plus léger que la norme. Ce contreplaqué est produit grâce à une alternance de couches de balsa équatorien et de bouleau canadien. La colle utilisée au départ est une colle à bois à base de caséine. Elle est plus tard remplacée par une colle à bois à base de formaldéhyde, plus apte à supporter de fortes amplitudes de chaleur et d’humidité, notamment lors de l’engagement du Mosquito sous des climats tropicaux. de Havilland développe également une technique d’accélération du séchage de la colle utilisant la technologie du chauffage diélectrique par radiofréquence4.
Le fuselage est formé à l’aide de moules : les côtés gauche et droit du fuselage ainsi que les autres éléments structurels sont construits séparément. Ces éléments sont renforcés par des vis à bois en laiton. Cet arrangement simplifie de façon importante l’installation par les ouvriers des systèmes internes hydraulique et des câblages, car les deux parties du fuselage sont encore ouvertes à cette étape de la construction. Ces deux moitiés sont ensuite collées et scellées ensemble, pour être finalement recouvertes par du tissu de coton Madapolam.
Les ailes sont également en bois. Pour augmenter leur résistance, elles sont construites en un bloc et assemblées au fuselage seulement lorsque les deux moitiés de celui-ci sont collées. Le métal est utilisé avec modération dans la construction des éléments structurels : il est surtout employé pour le train d’atterrissage, les volets et les vis de renfort en laiton.
En Angleterre, les parties du fuselage sont construites par les entreprises E. Gomme, Parker Knoll et Styles & Mealing. Les ailes sont produites par J.B. Heath et Dancer & Hearne. Beaucoup d’autres parties, tels que les volets de contrôle, les bords d’attaque des ailes et les portes de la soute à bombes sont fabriquées à High Wycombe dans le Buckinghamshire, grâce à son industrie de meuble bien établie. Ainsi 5 000 Mosquito sur les 7 781 unités produites, sont constitués de pièces manufacturées à High Wycombe.
La technique particulière de placage du bois utilisée est développée par la manufacture américaine Roddis, basée à Marshfield, dans le Wisconsin : Hamilton Roddis constitue des équipes de jeunes femmes habiles qui repassent un placage de bois exceptionnellement fin avant de l’expédier au Royaume-Uni.
Service opérationnel[modifier | modifier le code]
Lors de son entrée en service sur le théâtre européen, le DH.98 Mosquito se révèle plus rapide que les chasseurs ennemis qu'il rencontre : les Messerschmitt Bf 109F et Focke-Wulf Fw 190A. Les versions suivantes de ces chasseurs réduisent en partie leur déficit de vitesse face au Mosquito. Mais le faible avantage de vitesse qu'il conserve permet au Mosquito de mener à bien ses missions de bombardement et de rentrer à la base avant que les chasseurs allemands n’arrivent à l’altitude d’interception.
L’introduction du protoxyde d'azote pour booster la vitesse ascensionnelle du Bf 109s et l’arrivée tardive des chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 permettent à la fin de la guerre de doter la Luftwaffe d'intercepteurs ayant un avantage de vitesse clair. La version PR.Mk 32 développée pour la reconnaissance photo est alors produite en réponse, avec des ailes plus grandes, des compresseurs spéciaux pour les hautes altitudes et par l’élimination d’autant de poids que possible, permettant ainsi de porter son plafond maximum à 12 800 mètres d’altitude. Mais malgré ces changements, le DH. 98 ne demeure pas totalement à l’abri et, en décembre 1944, un Mosquito est intercepté à cette altitude.
Royal Air Force : version Bombardier[modifier | modifier le code]
Les premiers escadrons de bombardiers à recevoir le Mosquito B.IV l’utilisent pour mener des raids de jour à basse altitude. Les performances de cet appareil conduisent alors la Royal Air Force à en faire usage pour une démonstration de ses capacités, et une escadrille reçoit pour mission de bombarder la principale station radio de Berlin.
Le 30 janvier 1943, le Reichsmarschall Hermann Göring doit se rendre à une commémoration organisée à Berlin pour le dixième anniversaire de l’accession au pouvoir du parti nazi. Au matin, une attaque à basse altitude menée par 3 Mosquito B.Mk. IV du 105 Squadron sur la station radio principale de Berlin5, survient au moment où Goering prend la parole, interrompant pendant plus d’une heure les émissions. L'après-midi du même jour, la RAF envoie les DH.98 du No.139 Squadron procéder à la même mission, avec pour objectif d'interrompre le discours du ministre de la propagande, Joseph Goebbels. Le Reichsmarschall Göring est furieux :
« En 1940, j’aurais pu faire voler mes avions aussi loin que Glasgow, mais maintenant non ! Je suis furieux quand je vois le Mosquito, j'en deviens vert de rage et jaune d’envie. Les Britanniques, qui peuvent se permettre le luxe de l’aluminium, construisent une de ces merveilles en bois dans n’importe quelle usine de piano, lui donnant en plus une vitesse de pointe qui ne cesse d’être améliorée. Et vous qu’est-ce que vous faites ?!? »
— Hermann Göring, janvier 19436,7.
La version bombardier du Mosquito a été utilisée par le Bomber Command au sein du No.8 Group (Pathfinder Force) et au sein des No.105 et No.139 Squadron constituant la Light Night Strike Force (LNSF).
La LNSF procédait à des intrusions nocturnes à grande vitesse à l’aide d’instruments sophistiqués de navigation (GEE (navigation) & Oboe (navigation)) et d’aide à la visée en aveugle (radar H2S). Sa mission était double : d’abord détruire des objectifs de taille modeste mais de valeur stratégique élevée, et en second lieu, faire diversion pour couvrir les bombardiers lourds, en simulant de grandes formations par l’utilisation de contre-mesures radar (paillettes métalliques). Les nuits où aucun bombardement lourd n’était planifié, la LNSF frappait les défenses anti-aériennes allemandes pour ne laisser aucun repos à l’ennemi.
Les Mosquito du No.8 Group ont pris part à beaucoup d'opérations de bombardement, notamment en tant qu'éclaireurs en marquant les cibles avec des charges pyrotechniques (Flares) pour les formations de bombardiers lourds. Les Mosquito du Royal Air Force Bomber Command ont ainsi comptabilisé 28 000 sorties et 35 000 tonnes de bombes larguées en perdant seulement 193 avions en opération. Cet appareil connut le taux d'attrition le plus faible des avions impliqués dans le conflit (0,7 % de pertes comparés au 2,2 % des quadrimoteurs lourds). Il a été calculé qu'un DH.98 transportant la bombe de 4 000 livres "Cookie", pouvait aller jusqu'en Allemagne, la larguer, revenir pleins gaz jusqu'à sa base pour se ravitailler, repartir en Allemagne, larguer une deuxième bombe de 4 000 livres, pour finalement revenir et atterrir avant qu'un Short S.29 Stirling (le plus lent des bombardiers de la RAF) ne largue sa cargaison de bombes, alors qu'ils étaient partis en même temps.
Un Mosquito IX détient aussi le record de mission pour un bombardier allié de la Seconde Guerre Mondiale : le Mosquito LR503 nom de code « F pour Freddie ». Titulaire de 213 sorties au sein des No.105 et No.109 Squadronpendant la guerre. Le 10 mai 1945, deux jours après la reddition de l'Allemagne, cet appareil s'écrase à l'aéroport de Calgary durant un tour d'honneur, suite à une erreur de pilotage.
Royal Air Force : version chasseur nocturne[modifier | modifier le code]
L'utilisation du DH.98 pour des missions de chasse de nuit s'est présentée quand le Air Ministry abandonna le projet Gloster F.9/37 pour concentrer la production sur d'autres appareils.
Le premier appareil DH.98 configuré pour la chasse nocturne à être introduit fut un NF.Mk II, armé de 4 canons Hispano de 20 mm dans le fuselage et 4 mitrailleuses de calibre 0.303 (7,7 mm) Browning montées dans le nez. Utilisant un radar d'interception (AI) Mk IV/Mk IV, sa mission était d'opérer comme chasseur de nuit défensif au-dessus de l'Angleterre. Cependant, il fut utilisé aussi pour des missions d'intrusions nocturnes, se promenant au-dessus de l'Europe pour provoquer le maximum de perturbations sur les lignes de communications et les opérations aériennes ennemies.
En mai 1942, le NF.Mk II enregistre ses premières victoires et jusqu'à la fin de la guerre, les Mosquito de chasse nocturne ont revendiqué 600 avions abattus et 600 bombes volantes v1 détruites. Cette variante servira à Malte, en Italie, en Sicile et en Afrique du Nord à partir de la fin 1942.
À partir de 1944, le « Moustique » arbore un nouveau rôle, celui d'avion d'escorte pour les bombardiers du No.100 Group du Bomber Command. Sa tâche sera de contrecarrer les attaques des NachtJagd (chasseurs de nuit de la Luftwaffe) dans les « couloirs de bombardement » alliés au-dessus de l'Allemagne. Environ 268 chasseurs nocturnes de la Luftwaffe ont été détruits par le Group, pour la perte de 70 Mosquito. L'omniprésence de la menace du DH.98 NF a provoqué chez les équipages allemands une « Mosquito Schreck » ou phobie du moustique. Comme les pilotes de la Luftwaffe n'étaient jamais sûrs de quand et où allait arriver l'attaque des Moustiques, cette phobie causa bon nombre d'accidents de chasseurs se dépêchant d'atterrir pour éviter une attaque réelle ou imaginaire.
La menace des DH.98 ne connut une réponse allemande qu'en février 1945, à l'apparition des premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 du 10./NJG 11. Le commandant de cette unité, l'Oberleutnant Kurt Welter (en)abattit 25 Mosquito de nuit, plus 2 de jour, ce tableau de chasse s'ajoutant aux 7 précédemment obtenues à bord de son Bf 109G-6/AS.
Royal Air Force : version chasseur-bombardier[modifier | modifier le code]
L'expérience opérationnelle sur des rôles variés a montré la nécessité de développer une version de chasseur-bombardier polyvalent : le DH.98 FB.VI, qui vit le jour début 1943. La variante VI a des ailes renforcées pour supporter, en plus des 2 bombes de 250 livres en soute, 2 bombes de 250 livres ou 8 roquettes sous les ailes. Les versions suivantes avec une motorisation plus puissante purent emporter des bombes de 500 livres.
Le FB.VI est devenu la version la plus produite avec 2292 unités, équipant le No.2 Group du Bomber Command, le Squadron d'intrusion du Fighter Command et du 2nd TAF, et pour finir la force d'attaque du Costal Command avec une version de lutte anti-marine équipée de 8 roquettes RP-3 de 60 livres.
Une des missions les plus risquées du chasseur-bombardier DH.98 FB.VI, fut celle mené par le No.2 Group du 2nd TAF, sous le nom de code d'Opération Jéricho, le 18 février 1944. L'objectif était de détruire les murs et les quartiers des gardes de la prison d'Amiens pour permettre à des résistants français de s'évader. Cette mission, réussie dans des conditions hivernales difficiles, est considérée aujourd'hui par certains historiens comme faisant partie de l'opération Fortitude, destinée à persuader les Allemands que le débarquement aurait lieu dans le Pas-de-Calais.
Le 11 avril 1944, suite à une demande de la résistance hollandaise, 6 Mosquito FB VI du No.613 Squadron de Manchester, mènent une attaque chirurgicale à hauteur de toit sur le centre d'archivage de la Gestapo de La Haye. Leur « cocktail » de bombes à fragmentation et incendiaires est entré par les fenêtres et les portes en détruisant tous les dossiers compromettants. Les seules personnes tuées furent celles présentes dans le bâtiment.
Le 21 mars 1945, un raid semblable à très basse altitude -l'opération Carthage (en)- fut mené contre le quartier général de la Gestapo à Copenhague (Danemark). Un Mosquito largua par erreur sa cargaison de bombes sur une école catholique française, et causa la mort de 86 enfants, 10 religieuses, 8 enseignants et 21 civils. Le QG nazi fut détruit avec ses archives, mais 8 prisonniers furent tués, pendant que 18 autres parvenaient à s'enfuir. L'attaque principale sur l'immeuble de la Gestapo provoqua la mort de 55 soldats allemands et 47 collaborateurs danois. 4 Mosquito furent perdus et 9 membres d'équipage furent tués sur le voyage de retour à cause de la Flak. Cette attaque avait été demandée à maintes reprises par la résistance danoise, mais fut jugée trop dangereuse par la RAF. Bien que le bilan côté civil soit lourd, la destruction des archives et de l'organisation sauva la vie de beaucoup de résistants danois.
US Air Force[modifier | modifier le code]
L'USAF a commandé 120 Mosquito de reconnaissance photographique, mais seulement 40 ont été livrés sous la désignation américaine F-8 (6 B.Mk VII construits sous licence canadienne et 34 B.Mk XX). Seulement 16 ont servi en Europe : 11 sont retournés sous commandement de la RAF et 5 ont été envoyés en Italie. La RAF a fourni 145 PR.Mk XVI à la 8th USAAF entre le 22 avril 1944 et la fin de la guerre. Ceux-ci ont été utilisés pour de nombreuses missions météorologiques, nocturnes et de reconnaissance photographique, mais aussi pour le largage de contre-mesures radar, comme éclaireur pour les bombardiers lourds, pour des missions Red Stocking concernant l'OSS et comme plateforme de test du radar H2X Mickey au sein du 802d Reconnaissance Group renommé plus tard le 25th Bomb Group (Reconnaissance). Cette unité accusa 3 246 sorties et la perte de 29 PR.Mk XVI.
British Overseas Airways Corporation[modifier | modifier le code]
Entre 1943 et 1945, les Mosquito furent utilisés comme avions de transport civil sur un trajet régulier au-dessus de la mer du Nord entre Leuchars (Écosse) et Stockholm (Suède). Des Lockheed L-18 Lodestar et des Lockheed Hudsonfurent aussi utilisés, mais ces avions trop lents ne pouvaient voler que de nuit ou par mauvais temps, pour éviter d'être abattus. Durant les longues journées d'été, le Mosquito était la seule alternative possible.
Puisque la Suède était neutre, les avions portaient des marquages civils et étaient pilotés par des aviateurs norvégiens, en tant qu'employés civils de la BOAC. Malgré leur faible capacité d'emport, ils transportèrent des marchandises hautement stratégiques, comme des roulements à billes de haute précision et de l'acier pour machine outil. De temps à autre, des VIP étaient embarqués dans une cabine improvisée dans la soute. Le physicien Niels Bohr fut ainsi évacué de Stockholm en 1943 à bord d'un DH.98 non armé de la RAF. Le vol aurait pu finir tragiquement, Bohr n'ayant pas mis son masque à oxygène comme indiqué par l'équipage. Il serait mort si le pilote, voyant que Bohr ne répondait pas à l'interphone étant donné qu'il était inconscient, n'était pas descendu à une altitude plus basse pour le reste du vol. Le commentaire de Bohr sur son périple était qu'il avait dormi comme un bébé durant tout le voyage…
Après la guerre[modifier | modifier le code]
Les Mosquito volant pour la force aérienne israélienne reçurent leur baptême du feu durant la crise du canal de Suez en 1956. Bien qu'à cette époque, le DH.98 ait été retiré du service actif, 13 appareils de diverses versions furent sortis de la réserve. 13 autres DH.98 TR ont été rachetés par un revendeur de pièces détachées anglais.
En 1948, la Suède acheta à la RAF, 60 Mk XIX en vue de les utiliser comme chasseur de nuit, sous la désignation J 30. Ces avions furent assignés à la F1 Wing de Västerås, en devenant ainsi la première (et la seule) unité de chasse nocturne de la force aérienne suédoise. Ces Mosquito furent mis à la retraite en 1953, remplacés par des chasseurs à réaction de Havilland Venom Mk 51, sous le nom J 33. Un tiers des J 30 s'écrasèrent ou subirent des casses techniques durant le service, surtout à cause de la gouverne de direction. Pourtant, le commandant de la force aérienne suédoise, le général Björn Bjuggren, écrira dans ses mémoires que les problèmes techniques de l'antenne radar pivotante, montée sur le nez, provoquèrent de telles vibrations, qu'elles entraînèrent la destruction en vol de 1 ou 2 J 30.
L'armée de l'air française a utilisé entre 1945 et 1953 un nombre important de Mosquito (environ 180, beaucoup n'étant utilisés que pour pièces détachées) rachetés à la RAF, dans les versions FB6, T3, PR16 et NF30. Tous ont volé au sein de la 6e escadre de chasse. Deux groupes de cette escadre ont participé (très brièvement) à la guerre d'Indochine avec cet avion en 1947.
Pilotes célèbres[modifier | modifier le code]
- Bob Braham (en) : pilote anglais le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale et un as de la chasse de nuit.
- Branse Burbridge (en) : pilote de la RAF ayant le plus gros tableau de chasse sur un DH.98 NF.
- Leonard Cheshire (en) VC : commandant du No. 617 Squadron(et successeur de Guy Gibson). Un des pilotes les plus renommés pour le marquage de précision au sein des Pathfinders. Il se distinguera aussi plus tard en se dévouant au soin des personnes handicapées et, en phase terminale, en fondant les maisons Cheshire8.
- Sidney Cotton : espion australien et auteur de reconnaissances photographiques.
- John Cunningham (RAF officer) (en) : pilote de chasse nocturne de la RAFil était surnommée "Cat eye" (oeil de chat) car il utilisait pour la première fois un radar léger nommée H2S.
- Geoffrey de Havilland Jr (en) : fils du fondateur éponyme de la firme et pilote d'essai en chef, effectua le vol d'inauguration du Mosquito.
- Bill Edrich (en) : joueur de cricket anglais, il vola sur plusieurs appareils du Blenheim au Mosquito. Il reçut la Distinguished Flying Cross et deviendra chef d'escadron.
- Guy Gibson (en) : commandant du No. 617 Squadron. Il se tua à bord de son Mosquito aux Pays-Bas alors qu'il rentrait de mission.
- Kirk Kerkorian : Travailla comme convoyeur de Mosquito entre le Canada et l'Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale. Le trajet transatlantique était dangereux mais bien rémunéré : $1 000 par voyage9.
- Keith Miller : MBE, est un pilote, joueur de cricket et de football australien né le 28 novembre 1919 et mort le 11 octobre 2004 à Melbourne. À la fin de sa vie, quand on lui demandait comment il gérait la pression sur un terrain de cricket, Miller répondait que : « La vraie pression est celle d'un Messerschmitt sur vos talons, pas celle du cricket ».
- Boleslaw Orliński: célèbre pilote polonais qui effectua un circuit Varsovie-Tokyo-Varsovie à bord d'un Breguet 19 en 1926 et établit un record de vitesse, le 28 juin 1934, à bord d'un PZL P.24. Commandant du 305 Squadron polonais de bombardiers, il effectua à bord de son Mosquito une mission contre un camp de prisonniers à Lille et contre un important stock de carburant allemand à Nomexy.
- Percy Charles Pickard (en) (16 mai 1915–18 février 1944), DSO and bars, DFC, commandant l'escadrille de Mosquitos qui bombarda la prison d'Amiens lors de l'opération Jéricho. Tué dans l'attaque avec son co pilote.
- Erik Hazelhoff Roelfzema (en) : résistant et agent secret hollandais, il effectua 72 sorties avec le 139th Pathfinder squadron ; Il décrira son expérience dans son livre : Soldier of Orange.
- Kenneth Wolstenhome (en) : lieutenant du No. 105 Squadron, il deviendra présentateur et commentateur de football pour la BBC.
- Max Guedj : DSO, DFC and bar, Compagnon de la Libération, Wing Commander 143 Squadron, abattu le 15 janvier 1945 lors de l'attaque d'un pétrolier dans le port de Leirvik (au 3e passage)10.
Informations complémentaires
Poids | 0.18 kg |
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